Pourquoi pas? -David Nicholls.
David Nicholls est un auteur que j'avais très envie de découvrir, après avoir lu des critiques assez élogieuses. Lorsque j'ai su qu'il venait au Festival du Livre de Nice, je me suis dit que je tenais là la bonne occasion. La veille, j'ai envoyé mon homme dans un magasin culturel, avec une liste de ses romans. Il m'a choisi celui-ci.
"Bristol, 1985.
L’université ! Brian Jackson s’y voyait déjà : une vie d’étudiant sans contrainte, une sexualité débridée, des amis par centaines, un diplôme en or, qui serait suivi d’une entrée fracassante dans la vie active.
Oui, mais voilà, la réalité est loin d’être aussi idyllique. Une acné récalcitrante, des fringues informes chinées aux puces, une spécialisation dans la très moyenne et très populaire section de littérature anglaise, pas un sou en poche et une passion farouche pour Kate Bush. Un seul véritable talent : une culture générale qui ferait de lui le candidat idéal pour participer au « Questions pour un champion » local, le quiz télévisé « University Challenge ».
Recruté dans l’équipe in extremis, Brian est bien décidé à remporter le trophée et le cœur de la belle et riche Alice, aspirante actrice. Pour l’aider dans sa mission, Rebecca, punkette grande gueule, juive marxiste, improvisée conseillère en relations sociales et sentimentales.
Enfin la chance semble lui sourire… Mais lorsque vous vous appelez Brian Jackson, la malchance finit toujours par se rappeler cruellement à vous."
David Nicholls nous transporte au coeur des années 80, avec la culture de l'époque, les cassettes enregistrées, Kate Bush, Led Zep étant les principaux sujets de conversations entre Brian et ses deux meilleurs amis, avant que le héros entre à la fac.
Brian est l'intello looser par excellence. Sa culture générale est très étendue, il rêve de participer à l'University Challenge (une sorte de Questions pour un Champion pour universitaires). Son loisir favori, qu'il considère comme un sport, est le Scrabble, quand il ne s'essaie pas à la poésie.
Il espère que tout va changer à son entrée à la fac, c'est à dire qu'il espère devenir un tombeur. Son chemin va croiser celui d'Alice, qui m'a un peu fait penser à la Tess de Thomas Hardy, et celui de Rebecca, la punkette engagée.
L'écriture est rythmée, pleine de références culturelles. A travers les périgrinations de Brian, Alice et Rebecca, on plonge dans la culture Anglaise des années 8, entre punks et néo baba-cool, entre militants politiques de tout bord et jeunes issus du milieu ouvrier découragés par la hausse du chômage.
David Nicholls nous offre surtout un roman sur l'amitié et la fin de l'adolescence, le passage à l'âge adulte. Et comme le souligne le narrateur: "Je sais qu'on n'atteint pas l'âge adulte sans douleur".
C'est également un roman très drôle, avec de belles réflexions sur la vie. J'ai notamment apprécié les questions de culture générale au début de chaque chapître.
En revanche, la fin m'a laissée un peu perplexe; je l'ai trouvée bâclée et expéditive. Si ce n'est pas un coup, c'est néanmoins un très joli roman désopilant.
Car j'ai eu la chance de rencontrer l'auteur, en Juin dernier. Et quand je montre les photos, toutes les dames se pâment:
"Ce n'est pas que je sois antimode, c'est juste que les divers mouvements auxquels j'ai appartenu ne m'ont jamais vraiment convenu. En fin de compte, la dure réalité, c'est que si vous êtes un fan de Kate Bush, de Charles Dickens, de Scrabble, du naturaliste David Attenborough et du quiz University Challenge, il ne vous reste pas grand-chose en termes de mouvements de jeunesse."
"Cela me prend par phases, ce besoin de me cataloguer. A diverses périodes de ma vie je me suis demandé si je n'étais pas un gothique, un homosexuel, un juif, un catholique, un maniaco-dépressif; ou encore un enfant adoptif, un cardiaque congénital, un être doté du pouvoir paranormal de soulever les objets par la force de sa pensée, et, à mon grand regret, je suis toujours arrivé à la conclusion que je n'étais rien de tout cela."