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Aux Douceurs Littéraires
27 février 2016

Le Bleu entre le ciel et la mer -Susan Abulhawa.

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J'aime beaucoup les romans qui nous instruisent sur les cultures orientales, aussi, j'avais très envie de découvrir Le Bleu entre le ciel et la mer. De plus, c'est un roman dont  le contexte est particulier, puisqu'il nous emmène au coeur du  conflit israelo-palestinien, dont je ne sais finalement que peu de choses. Je remercie les éditions Denoël pour cette magnifique lecture.

Présentation:

"1947. La famille Baraka vit à Beit Daras, village paisible de Palestine entouré d’oliveraies. Nazmiyeh, la fille aînée, s’occupe de leur mère, une veuve sujette à d’étranges crises de démence, tandis que son frère Mamdouh s’occupe des abeilles du village. Mariam, leur jeune sœur aux magnifiques yeux vairons, passe ses journées à écrire en compagnie de son ami imaginaire. Lorsque les troupes israéliennes se regroupent aux abords du village, Beit Daras est mis à feu et à sang, et la famille doit prendre la route, au milieu de la fumée et des cendres, pour rejoindre Gaza et tenter de se reconstruire dans l’exil. 
Seize ans plus tard, Nur, la petite-fille de Mamdouh, s’est installée aux États-Unis. Tombée amoureuse d’un médecin qui travaille en Palestine, elle décide de l’y suivre. Un voyage au cours duquel elle découvrira que les liens du sang résistent à toutes les séparations – même la mort.
Le Bleu entre le ciel et la mer est une histoire de femmes, de déracinement, de séparation et d’amour. Avec ce conte d’une beauté bouleversante, empreint d’humanité à l’état pur, Susan Abulhawa montre l’histoire de la Palestine sous un nouveau jour."

Mon avis:

Si vous recherchez un roman puissant sur les liens familiaux et la résilience face au pire, Le Bleu entre le ciel et la mer est fait pour vous! Je n'avais lu que d'excellentes critiques à son sujet chez mes copines blogueuses, alors du coup, la barre était un peu haute. Pourtant, je ne peux que rejoindre l'unanimité.

Première surprise, un arbre généalogique est présenté au début du livre; j'ai vite compris pourquoi! Tout au long de la lecture, nous croisons une foule de personnages et il est parfois nécessaire de se reporter à l'arbre. Le charme de ce roman a opéré sur moi dès les premières pages, dans lesquelles nous découvrons un peuple palestinien encore libre. La famille Baraka vit à Beit Daras, un petit village entouré d'oliveraies.

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Puis les attaques israéliennes surviennent et les  Baraka voit leur  vie changer, contraints à l'exil. Direction Gaza pour les uns, le Koweït puis les Etats-Unis pour les autres. Mais loin de sombrer dans le pathos, la plume enchanteresse de Susan Abulhawa nous entraîne dans une formidable histoire de famille et de femmes.

Il y a la vie à Gaza, où l'unique Nazmiyé distille optimisme et humour, donne naissance à 12 enfants et n'a pas sa langue dans sa poche. C'est un personnage d'une force rare, que j'ai beaucoup, beaucoup aimé et admiré. Alors que les deuils et les frappes Israéliennes pourrait réduire les Baraka à  néant, toujours les femmes se relèvent et vivent. 

Au Etats-Unis, nous suivons Nour, qui n'aura finalement pas une vie paisible elle non plus. Le bonheur ne se trouve pas forcément dans un monde "tout confort", où les blessures morales peuvent se révéler dévastatrices. Je n'en dis pas davantage, afin de vous laisser découvrir l'histoire de Nour.

C'est un roman qui nous plonge dans la culture orientale, ses coutumes, ses superstitions. On frôle parfois le conte onirique à travers les personnages de Mariam et Khaled, ou encore de Souleyman. Le style fluide et pourtant plein de poésie de la romancière a su m'emporter à travers son histoire. J'ai bien sûr découvert les horreurs subies par le peuple palestinien (comment cela est-il encore possible de nos jours?),j'ai appris que tout cela avait même été planifié jusque dans les rations de nourritures destinées à priver sans les faire mourir de faim. Nazmiyé et les siens nous prouvent que le désir de vivre reste plus fort que tout et qu'un rien suffit pourtant à faire des  joies, même si la vie dans des camps de réfugiés est souvent difficile. On ne se rend pas compte à quel  point ces gens sont privés de toutet vivent en permanence sous la menace des bombes, juste parce que des autorités ont décidé qu'il en serait ainsi.

"De tout ce qui a disparu, les œufs kinder sont ce qui me manquent le plus. Quand les murs se sont refermés sur Gaza, et que les conversations des adultes sont devenues plus passionnées et plus tristes, j'ai mesuré la sévérité de notre siège au nombre décroissant de ces fragiles œufs en chocolat, enveloppés dans une fine feuille d’aluminium colorée, et à l'intérieur desquels incubaient de magnifiques jouets surprises. Quand finalement ils ont disparu sur les rayonnages rouillés des boutiques, qui ont renvoyé l'image de leur nudité, j'ai compris que les oeufs Kinder avaient apporté de la couleur en ce monde. En leur absence, nos vies ont pris une teinte sépia métallique, avant de virer au noir et blanc, tel que nous apparaissait le monde dans les vieux films égyptiens, à l'époque où ma téta Nazmiyé était la fille la plus rebelle de Beit Daras."

Outre le conflit israelo-palestinien, il y a ici le destin d'une famille,  que l'on se surprend à suivre comme une vraie saga,  avec ses rebondissements, ses petits bonheurs et ses peine. Une histoire de femmes fortes qui se transmettent sagesse, espoir, amour et résilience, malgré les terribles épreuves traversées depuis des décennies. On ne peut que se sentir à la fois bouleversé et happé par l'intrigue.

L'alternance de point de vue narratif et les passages "oniriques" peuvent perturber le lecteur, pour ma part je trouve qu'ils apportent une richesse au roman et une touche de magie. On s'attache tellement aux personnages que ces passages font du bien et ils allègent même un peu le récit, souvent criant de réalisme. A la fin du livre, j'avais presque oublié qu'il s'agissait d'un roman et je me suis demandé ce que devenaient Nazmiyé, Nour et les autres.  C'est un roman que je recommande forcément à tous, même s'il n'est pas forcément facile à lire, en raison de la gravité du sujet. Mais ce serait dommage de passer à côté.

COUP DE COEUR!

♥♥♥♥♥

En bref, LE BLEU ENTRE LE CIEL ET LA MER  fut superbe lecture, entre roman et conte. Ce roman apporte un regard nouveau sur le conflit israelo-palestien, à travers les yeux d'une famille palestinienne. Il est aussi question de la puissance des liens familiaux et des traditions, du pouvoir de réslience et de destins de femmes. Un livre d'une incroyable richesse, qui ne peut pas laisser insensible.

Susan_Abulhawa

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Commentaires
A
Quelle belle chronique ! Je retrouve tout ce que j'ai ressenti dans tes mots... Cette auteure a une plume magique <3
V
Il a l'air vraiment bien !
J
J'avais hésité sur ce titre puis craint trop de sentimentalisme. Je me suis apparemment trompée. Je le note pour plus tard.
S
Super contente de voir ce bel avis coup de coeur! J'ai tellement aimé ce livre ;)
C
Allez, encore un livre que je lirais bien volontiers! Merci pour toutes ces découvertes! Bises et bonne journée!
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