Tant qu'on rêve encore -Chris Killen.
Outre la couverture originale, le sujet de ce roman m'a pas mal interpellée puisque je suis dans la tranche d'âge des protagonistes de l'histoire. Qu'avons-nous fait de nos 20 ans et des rêves un peu fous que nous avions? C'est l'une des questions que se pose Chris Killen à travers ses personnages. Je remercie les éditions Fleuve pour cette découverte.
Présentation:
"À 20 ans, on largue son copain parce qu'il n'a pas bonne haleine, on transforme un chagrin d'amour en succès littéraire, on se rêve musicien célèbre et on prend le large sur un coup de tête.
Ian, Paul et Lauren n'ont pas fait d'exception.
Une décennie plus tard, le temps a fait son oeuvre et les espoirs les plus fous ont laissé place à La vraie vie.
Aujourd'hui, Paul cherche désespérément l'inspiration pour un deuxième roman dans les bras d'une de ses étudiantes pendant que Ian, désabusé par une carrière qui ne décolle pas, prend ses quartiers dans le cagibi de sa jumelle.
Quant à Lauren, après une virée de l'autre côté du globe, la voici de retour dans sa ville natale, ou elle partage son temps entre un boulot sans intérêt et des soirées en solo.
Jusqu'au jour ou la découverte d'une vieille correspondance la met face à cette question : que sont donc devenus mes rêves et ces gens qui jadis étaient mes amis ?"
Mon avis:
Le sujet était prometteur, mais j'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre pour autant. Feel-good? Roman satyrique? Nous sommes beaucoup plus proches de la deuxième option!
L'auteur s'attache à nous faire entrer dans la vie de trois protagonistes: Ian, qui cherche désespérément sa voie professionnelle (et une petite-amie), Lauren, qui essaie de se convaincre que le célibat lui convient et Paul, un écrivain paumé sur tous les plans. Ces trois personnages sont plus ou moins liés.
Tout commence en 2004: Lauren plaque Paul, qui a autrefois partagé une chambre à la FAC avec Ian. Lauren ne supporte plus la paranoïa et le côté prétentieux de Paul, elle ne tarde pas à partir un an pour le Canada. De là-bas, elle entame une correspondance par mail avec Ian, qui travaille dans un magasin culturel. Une amitié-amoureuse se dessine, même si aucun des deux ne fait le premier pas.
Dix ans plus tard. Paul est en couple avec Sarah mais la trompe sans vergogne avec une étudiante. Il n'arrive pas à écrire son deuxième roman. Lauren n'a toujours pas trouvé l'amour et travaille dans une association tandis que Ian atterrit chez sa soeur jumelle en attendant de s'en sortir. On les suit dans leur quotidien en attendant qu'ils se croisent à nouveau.
Honnêtement, j'ai bien aimé cette histoire de chassés-croisés de trentenaires qui ne se sentent pas tout à fait à leur place. On tourne les pages très rapidement, on se prend à vouloir connaître la fin, savoir comment ils vont s'en sortir. J'ai surtout particulièrement apprécié Lauren et Ian. L'une subit les pressions de sa meilleure amie pour trouver un mec, l'autre est paumé professionnellement. J'ai adoré les voir évoluer.
Ce que j'ai moins aimé, en revanche, c'est Paul. Il est trash, c'est un sale type et pour moi il était en trop. Je pense que Chris Killen a voulu rendre hommage aux écrivains de la beat generation avec ce personnage, mais franchement il aurait pu s'en passer, ce n'est que mon avis. Le problème, c'est que Paul occupe forcément une certaine partie du roman et vu que je n'ai pas aimé ce protagoniste, mon plaisir a parfois été gâché par l'impression que Chris Killen voulait démontrer qu'il pouvait écrire des choses dignes de Kerouac et consors: sexe et drogue. Ce que je déteste en littérature. C'est dommage, car ce roman est vraiment intéressant, malgré un manque d'action. Il pointe du doigt ce qu'on rêve d'être et qui l'on est réellement, notre dépendance aux réseaux sociaux et à l'image qu'ils renvoient de nous. Une belle analyse de notre société actuelle, en somme.
En bref, Tant qu'on rêve encore est un roman intéressant et surprenant (malgré un manque de rebondissements) qui nous parle de nos échecs, sans aucune fioriture. Malgré le personnage de Paul, trop trash à mon goût, j'ai apprécié la compagnie de Ian et Lauren.
♥♥♥♥♥