Lady Hunt -Hélène Frappat
Après ma première participation l'année dernière, j'attendais avec impatience ces nouveaux Matchs de la Rentrée Littéraire, organisés par Price Minister. Le choix n'a pas été évident parmi la sélection de romans, jusqu'à ce que la présentation de ce roman m'intrigue et me pousse à vouloir en savoir davantage.
"Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d'une maison qui l'obsède, l'attire autant qu'elle la terrifie. En plus d'envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu'il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l'héritage d'une malédiction familiale auquel elle n'échappera pas ? D'autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris plus un effet secondaire qu'une carrière. Tandis qu'elle fait visiter un appartement de l'avenue des Ternes, Laura est témoin de l'inexplicable disparition d'un enfant. Dans le combat décisif qui l'oppose à l'irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs... Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l'énigme du réel ? Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l'effroi et des tourments extralucides de l'âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège."
Dès le départ, l'auteure nous entraîne dans une atmosphère particulièrement étrange, digne des plus grands romans gothiques. Tous les éléments y sont: rêves, fantômes, miroirs, brumes. Malgré les avis négatifs que j'ai pu lire ici ou là, les premières pages m'ont tout de suite donné l'envie d'en savoir plus.
En effet, l'auteure possède ce don de distiller dans son récit des éléments surnaturels et oniriques angoissants. J'aime ces histoires de maisons qui ont une âme et peuvent conduire à la folie, j'aime les histoires de malédiction avec un soupçon de sorcellerie, enfin, j'aime quand il y a des secrets de famille. Une sorte d'addiction se met en place et on suit fébrilement le personnage de Laura, on tente de comprendre avec elle où l'auteure compte en venir. La plume assez cinématographique d'Hélène Frappat fait que les phrases et les chapitres sont concis, bien que les mots choisis restent souvent poétiques, notamment lorsque l'auteure s'attarde sur les détails.
Toutefois, très vite, certains points m'ont gênée. Par exemple, le quotidien des principaux protagonistes est ponctué d'éléments paranormaux (visions, reflets étranges dans les miroirs, petit garçon qui est avalé par des maisons, etc), mais cela ne semble pas les choquer plus que ça, comme s'ils avaient l'habitude de vivre avec, sans se poser de question. Comme si le paranormal était une normalité.
L'autre point qui m'a semblé un peu gros, c'est que dans chaque appartement situé près des ruines du parc Monceau, il y a ce même quelque chose de malfaisant.
Cela a fait que passée la première moitié du livre, j'ai trouvé que l'ensemble commençait à devenir long et existentiel. J'ai parfois même eu l'impression de décrocher, malgré l'envie toujours présente de vouloir connaître le fin mot de l'histoire.
Quant au personnage de Laura, je l'ai trouvée attachante, même si parfois on a envie de la secouer et de lui dire: "Bon, vis ta vie, maintenant!".
Finalement, c'est un roman étrange, très prenant, même si je ne suis pas certaine d'en avoir saisi toutes les subtilités. Je me demande s'il n'est pas destiné à un certain lectorat d'initiés; j'ai pu lire sur Amazon qu'il s'agit d'un roman 'snob". Après, peut-être que je ne suis pas la cliente idéale, parce que si j'aime le paranormal, j'aime aussi qu'on me dise pourquoi c'est ça, qu'on me donne une explication au surnaturel.
J'ai aimé l'ambiance qui s'en dégage, parce que cela me parle, j'ai eu envie de visiter ces villages paumés du Pays de Galles et de Bretagne, mais l'histoire en elle-même m'a laissée un peu perplexe.
Je remercie Olivier pour la découverte.
Ma note: 14/20
Je le conseille: si vous aimez la subtilité et les ambiances angoissantes.
Passez votre chemin: si vous préférez l'action et les choses claires.
"Je suis seule, dans mon rêve, à connaître la maison. A la comprendre.
Derrière ses grilles fermées, ses allées interdites, la maison me parle.
Dans mon rêve, je l'entends qui me dit: DANGER! "
"Luna est malade. Certaines maisons sont mauvaises, malades, folles.... Une maison désiquilibrée fait perdre l'équilibre à ses habitants."