Rebecca -Daphné du Maurier
Après avoir lu beaucoup de classiques entre 2002 et 2009, j'avais un peu saturé du genre. "Rebecca" traînait donc dans ma pile à lire depuis un très long moment. La sortie de la biographie écrite par Tatiana de Rosnay sur Daphné du Maurier m'a donné envie de découvrir ce roman.
Présentation:
"Sur Manderley, superbe demeure de l'ouest de l'Angleterre, aux atours victoriens, planent l'angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, frêle et innocente jeune femme, réussira-t-elle à se substituer à l'ancienne madame de Winter, morte noyée quelque temps auparavant ? Daphné du Maurier plonge chaque page de son roman - popularisé par le film d'Hitchcock, tourné en 1940, avec Laurence Olivier et Joan Fontaine - dans une ambiance insoutenable, filigranée par un suspense admirablement distillé, touche après touche, comme pour mieux conserver à chaque nouvelle scène son rythme haletant, pour ne pas dire sa cadence infernale. Un récit d'une étrange rivalité entre une vivante - la nouvelle madame de Winter - et le fantôme d'une défunte, qui hante Maximilien, exerçant sur lui une psychose, dont un analyste aurait bien du mal à dessiner les contours avec certitude. Du grand art que l'écriture de Daphné du Maurier, qui signe là un véritable chef-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle, mi-roman policier, mi-drame psychologique familial bourgeois."
Mon avis:
Même si je n'ai pas ressenti de coup de coeur, je suis, en définitive, plutôt contente d'avoir lu "Rebecca".
Le début est un peu difficile, puisque la narratrice, la nouvelle Madame de Winter, évoque ses souvenirs, et l'on a du mal à suivre, jusqu'à ce qu'elle parle enfin de la rencontre avec son mari.
La narratrice est une jeune fille de compagnie, qui suit sa patronne aux quatre coins du monde et c'est à Monte Carlo qu'elle fait la connaissance de Max. L'héroïne est naïve, ne connaît rien ni des hommes ni du monde et accepte dépouser Max, dont elle est éperduement amoureuse. Elle arrive à Manderley et découvre qu'être la maîtresse d'un tel domaine nécessite un savoir faire dont elle manque. La jeune femme se laisse terroriser par la gouvernante, dont l'admiration pour Rebecca, morte noyée, était sans faille, tandis qu'elle voit son mari devenir taciturne et s'éloigner d'elle.
"Rebecca" est un roman à l'atmosphère et à l'ambiance particulière, fort de descriptions fabuleuses, qui ne sont pas sans rappeler, parfois, "Les hauts de Hurlevent". La mer est rarement paisible, l'air se fait lourd au fur et à mesure que l'angoisse de la narratrice monte face à la sourde hostilité de la gouvernante.
On comprend rapidement que Rebecca, la première épouse de Max, était particulière et que sa mort est plus sombre que l'on ne le pense de prime abord.
L'héroïne m'a un peu agacée par moment, je l'ai trouvée très immature durant une bonne partie du récit, je n'avais pas l'impression qu'elle faisait son maximum pour se rendre maîtresse d'elle-même et de Manderley. Finalement, je pense que c'est un choix de la part de la romancière, afin de marquer une transition pour ce qu'il se passe après que la vérité éclate. Et effective, on se rend compte d'une évolution flagrante dans le caractère de la jeune femme.
Daphné du Maurier nous a livré un récit très prenant, malgré un début un peu difficile, qui commence comme une romance et si finit pourtant en roman policier, voire en thriller psychologique. "Rebecca" est un roman surprenant, à l'ambiance oprressante. Les dialogues sont brefs, tout va crescendo, jusqu'au final, que la narratrice nous laisse deviner plus qu'elle ne le dit.
En bref, je ne regrette pas cette lecture, malgré des moments qui m'ont paru un peu poussifs.
♥♥♥♥♥
Je le conseille: pour les amateurs de grands classiques et de romans aux ambiances oppressantes.