La libraire -Penelope Fitzgerald.
"Rien ne semble troubler la paix de Hardborough, aimable bourgade de l’East Anglia. Mais Florence Green, une jeune veuve, a décidé d’y ouvrir une librairie, ce qui déplaît aux notables de la ville. Florence voulait créer innocemment un lieu de sociabilité inédit ; elle découvre l'enfer feutré des médisances. Puis l’ostracisme féroce d’une partie de la population. Surtout lorsqu’elle s’avise de mettre en vente Lolita, le sulfureux roman de Nabokov. Alors, la guerre est déclarée, les clans s’affrontent, les personnages révèlent leur acrimonie. Florence sera très seule pour affronter le conformisme ambiant."
Mon avis:
Avant de recevoir un communiqué de la part des éditions de La Table Ronde, je n'avais jamais entendu parler de la romancière anglaise Penelope Fitzgerald. Ce roman avait été précédemment publié sous le titre "L'affaire Lolita" et je dois dire que le résumé proposé par l'éditeur m'a mise en appétit.
Pourtant, en me promenant sur Babelio, surprise: le roman ne bénéficie pas de critiques particulièrement élogieuses. Mon enthousiasme a donc été émoussé, mais je me suis tout de même lancée dans ma lecture.
Une ambiance feutrée et une écriture raffinée: voilà ce qui me vient d'emblée. Nous découvrons Florence, jeune veuve qui décide d'ouvrir une librairie dans le village où elle vit, Hardborough, bourgade engoncée dans des temps qui n'existent pourtant déjà plus, à l'aube des années 60. Pour cela, elle choisit de s'installer dans la maison hantée du coin. Le banquier n'est pas particulièrement enthousiaste, plusieurs personnes tentent de la dissuader. Elle est aidée par une gamine bizarre âgée de 11 ans et soutenue par un vieil original qui ne sort jamais de chez lui.
L'histoire est plaisante, certains passages sont truculents. L'auteur maniait à la perfection une certaine forme d'humour subtil. L'ambiance qui règne (la communauté, le climat venteux, l'esprit "cogneur") est agréable si on apprécie ce genre d'atmosphère. Le problème, c'est que le reste est plutôt plat.
Les trop longs passages descriptifs m'ont souvent ennuyée. On nous annonce une guerre sans merci alors qu'en fait ce n'est qu'à demi-mots. Si l'intrigue est bien trouvée, le récit reste finalement linéaire et pas du tout inoubliable. C'est dommage, car dans l'ensemble, j'ai trouvé les personnages intéressants: Florence, à priori effacée et pourtant courageuse, qui a toujours la réponse qui fait mouche quand on l'attaque, Mr Brundish, l'orginal ou encore la gamine, Christine.
Je pense que c'est une lecture à tenter pour les initiés. Ne vous attendez pas à de l'action, ni à un phrasé fluide. L'histoire vaut le coup, l'écriture ne séduira pas tout le monde, quant au dénouement... à vous de vous faire votre opinion sur la morale.
En bref, "La libraire" est un roman intéressant sur la difficulté de faire évoluer les moeurs dans un village replié sur lui-même. Malheureusement, j'ai trouvé certains passages descriptifs beaucoup trop longs.