Et puis il y a mon propre livre.
Si depuis petite je dévore les livres, une autre passion m'anime: l'écriture. Toute gamine, déjà, je tentais de coucher sur papier des histoires sans queue ni tête. J'aimais jouer avec les mots, en apprendre de nouveaux et trouver un contexte dans lequel je les plaçais. Il paraît même qu'une nuit, je me suis mise à parler dans un de mes rêves, en clamant à voix haute: "La virgule, y'a une virgule!".
A l'adolescence, je me suis mise à coucher mes émotions sous forme de poèmes. L'écriture était mon refuge, j'envisageais de devenir journaliste dans la presse écrite.
Jeune adulte, j'ai commencé à écrire de véritables histoires: courts romans, nouvelles, contes pour enfants. L'écriture, toujours présente. Textes variés pour parler de mes émotions, de mes idées, souvent nées de rêves farfelus.
Et puis un jour, à l'âge de 25 ans, j'ai fait un AVC. La forme la plus rare d'AVC, un anévrisme cérébral ayant entraîné une hémorragie, et plus tard, sur la table d'opération, un infarctus. Mes séquelles me condamnant pour le moment à ne plus travailler tant que ma rééducation n'aura pas porté ses fruits, je me suis dit qu'il était peut-être temps pour moi de me consacrer à l'écriture pour de bon.
Les idées de romans ne manquaient pas, pourtant je n'arrivais pas à les coucher sur papier. Et un jour j'ai compris. Je devais remonter à la source. Enquêter sur un passé familial plus ou moins enfoui, réveiller de vieilles blessures à peine cicatrisées, soulever des sujets tabous... comprendre pourquoi à l'âge de 25 ans j'avais fait un AVC. Cela n'a pas été facile, car mon histoire familiale n'a rien d'un joli conte. Elle comporte tout ce qu'une saga familiale peut comporter; misère, alcool, viol, faim, pleurs, bipolarité, angoisse, secrets.
Pourtant, j'ai pris le taureau par les cornes, interrogé les membres de ma famille qui ont bien voulu me répondre, rencontrer ceux que je ne connaissais pas, repris contact avec d'autres. Et mon récit autobiographique est né. Au départ, je l'avais publié sous mon vrai nom, sur un site où les lecteurs peuvent miser pour que le livre soit édité. Des personnes de cette famille m'ont fait censurer. Alors, j'ai publié sur Kindle. Pour 3€ (et quelques centimes), les adeptes de la lecture numérique peuvent découvrir "Les Ombres de l'innocence". Il s'est très bien vendu, cela a été une très grosse surprise pour moi.
Depuis, j'ai retravaillé l'épilogue, car d'autres évènements sont venus s'ajouter à ceux qui font ce livre, dont ma grossesse. Donc généralement, à la demande des lecteurs, une fois qu'ils ont acheté sur Kindle, je leur fais parvenir par email la version définitive.
Et puis il y a le combat pour faire éditer sur papier. Au départ je me suis adressée à des maisons d'édition qui acceptent les manuscrits par email. Je n'ai eu que des réponses positives. A condition d'avancer les frais de maquette. J'ai appris qu'un véritable éditeur ne demande pas d'argent. Il y a aussi Edilivre, qui était intéressé, mais les livres sont disponibles uniquement sur commande et reviennent plutôt chers.
A ce jour j'ai une piste, dont je ne peux pas parler évidemment, puisqu'une de mes meilleures amies a pu m'obtenir un contact dans l'édition.
J'ai des tas d'autres idées d'écriture (une saga fantastique, un roman épistolaire, une série de sept contes pour enfants), mais je crois que tant que "Les Ombres de l'innocence" ne sera pas édité sur papier, je n'y arriverai pas. Alors je continue, encore et encore. Parce que l'écriture et moi, c'est à vie.
* Les Ombres de l'innocence, par Alice Siccart, disponible sur Amazon en format Kindle. Egalement compatible pour PC et MAC.